CHRONOLOGIE DE PAUL MORAND

 

1887

 

23 mai : Mariage d'Eugène-Edouard Morand, "artiste-peintre", né le 17 mars 1853 à Saint-Petersbourg avec Marie-Louise Charrier, née le 13 mai 1867 à Paris. De quatorze ans son aîné, Eugène Morand avait choisi, en 1873, de quitter la Russie, où son père dirigeait la Fonderie impériale des Bronzes, à Saint-Petersbourg, et de revenir en France pour y contracter un engagement volontaire. C'est en donnant des leçons de dessin, qu'il avait rencontré Marie-Louise Charrier, issue d'une famille de la bourgeoisie parisienne, qui, selon Morand, "peuplait la Cour des Comptes de conseillers, maîtres et référendaires." (Venises )

 

1888

 

13 mars, à 5 heures du matin : Naissance de Paul, Emile, Charles, Ferdinand Morand, fils d'Eugène et de Marie-Louise Morand, dans leur appartement du 37, rue Marbeuf, dans le VIIIe arrondissement, à proximité des Champs-Élysées. Le parrain de Paul à son baptême est le graveur en couleurs Charles Houdard, ami de Willy et de Colette.

 

1896

 

Paul Morand entre à l'école Sainte-Marie-de-Monceau, où il restera jusqu'en 1900. Il y reste parfois comme pensionnaire lorsque ses parents partent à Menton, “un souvenir abominable”.

 

1899

 

Émile Loubet, ami de la famille maternelle de Paul Morand, est élu président de la République. Abel Combarieu, marié à la tante de Paul, Marguerite Charrier, devient secrétaire général de la Présidence. C'est à l'Elysée, invité par le Président Loubet, que Paul Morand assiste à sa première projection cinématographique.

 

1900

 

Paul entre au Lycée Carnot, où il restera cinq ans. Scolarité médiocre : "je n'ai jamais rien compris à l'enseignement, les professeurs ne s'intéressent qu'à leur dada. Je suis resté paresseux, inattentif, superficiel jusqu'à Sciences-Po." (Lettre à Jacques Chardonne).

 

1902

 

Eugène Morand est nommé conservateur du Dépôt des Marbres. Il s’installe avec sa famille au 182, rue de l'Université, dans une maison qui abrite également les ateliers d'Henri Martin, de Paul Laurens et d'Auguste Rodin, lequel y travaille à sa Porte de l'Enfer :

            " M.Eugène Morand était[..]directeur du Dépôt des Marbres, ce qui veut dire qu'il habitait, avec sa femme et son fils, un charmant pavillon adossé à la rue de l'Université et donnant sur le grand jardin du garde-meuble, Quai d'Orsay. Jardin sauvage et mystérieux où les taillis embrousaillés cachaient des vestiges de temples grecs transformés en poulaillers, où les grands marronniers ombrageaient sur les pelouses les statues commandées par l'Etat et jamais mises en place.”

( Denise Bourdet: Edouard Bourdet et ses amis, Paris, La jeune Parque,1945, p.26)

 

Paul commence à pratiquer le sport au Racing-Club.

 

Pendant l'été, Paul est envoyé à Londres pour perfectionner son anglais. Il y retournera les deux étés suivants.

 

1904

 

Paul s’initie à la course cycliste au Vélodrome d’hiver.

 

13 mars : le jour de ses 16 ans, Paul perd son pucelage avec une jeune prostituée de la place Pigalle.

 

Les Morand inaugurent le rite des séjours en Italie, vers laquelle ils s'embarquent " comme vers la Terre Sainte, prêts à y recevoir la Loi " : Tremezzo sur le lac de Côme au mois d'août, Venise en septembre, où ils loueront chaque année un appartement au deuxième étage d'un palais du traghetto San Maurizio.

           

1905

 

Paul est en classe de philosophie, au lycée Carnot, où il a pour professeur Colonna d'Istria. Plus tard, il confiera à Paul Claudel : " A dix-sept ans, j'ouvris la fenêtre [...] Soudain c'était vivre ! " (Venises, Gallimard-L'Imaginaire, p.16).

 

En juin, Paul échoue à l'oral de philosophie du baccalauréat. Son père, nommé commissaire français à l'Exposition internationale de peinture de Münich, l’emmène en Bavière et charge l’ambassadeur de France de lui trouver un répétiteur pour préparer son fils à la session d'octobre. Ce sera Jean Giraudoux, qui, normalien germaniste, effectuait alors un séjour d'études en Allemagne. Après les leçons, ils vont ensemble à la piscine de Schwabing ou dans des brasseries.

En septembre, Paul passe avec succès son examen.

 

Paul avait rêvé de l'Ecole navale, mais trop faible en mathématiques, il doit se rabattre sur la Faculté de droit et l'Ecole des Sciences Politiques, où il s’inscrit en vue de devenir diplomate.

 

1906

 

À Sciences-Po, Morand suit les cours d'Anatole Leroy-Beaulieu, d'Emile Boutmy, de Lévy-Bruhl, d'Emile Sorel, de Louis Renault, futur prix Nobel de la Paix et d'André Tardieu, futur président du Conseil. Il est surtout influencé par Albert Sorel, l'auteur de L'Europe et la Révolution française, qui enseigne dans la section diplomatique, mais mourra en cours d’année.

 

29 mai : Paul remporte le challenge Dave (4000m. steeple-chase) au Racing-Club

 

28 juillet : Morand est admis à la seconde partie de la licence en droit.

 

1908

 

Paul a vingt ans : il mesure 1,72m et pèse 69 kg.

 

Rue Saint-Guillaume, il suit le cours d’Elie Halévy sur l'histoire du socialisme et de l'anarchie. Sous l'influence d’un autre élève, Marcel Héraud, il découvre Marx et s'intéresse aux idées révolutionnaires. Plus tard, il confiera à André Gillois : "Je suis un anarchiste repentant."

 

Mars, avril et mai : voyage impromptu et mystérieux dans le midi et en Italie. Deux cahiers conservés aux archives de l'Institut donnent l’explication probable de ce voyage : son père le lui avait imposé pour mettre fin à la liaison qu'il avait nouée avec une femme mariée, sensiblement plus âgée que lui. La rupture serait intervenue le 13 mars et Eugène Morand aurait fait jurer à son fils de ne pas chercher à la revoir et de ne plus répondre à ses lettres. Le 13 avril, il est à Gênes où doit débarquer Giraudoux après un séjour de six mois comme lecteur et conférencier aux Etats-Unis.

 

Juillet : Paul est reçu à son examen d'histoire diplomatique et quitte Sciences-Po. Eugène Morand, nommé à la tête de l'Ecole nationale des Arts décoratifs, installe sa famille dans l'appartement de fonction du 5, de la rue de l'Ecole-de-Médecine, dans la maison où avait siégé le Club des Cordeliers sous la Révolution. Chaque dimanche, la table des Morand réunit les amis de Paul : Jean Giraudoux devenu journaliste au Matin, Suzanne Lalique qui épousera Paul Burty Haviland en 1917, Denise Rémon qui deviendra Madame Edouard Bourdet en 1923, Eirik Labonne, un cousin de Paul, qui est lui-aussi dans la diplomatie. Les "Cordeliers" se retrouveront souvent le dimanche après-midi, pour un repas ou un poker, au cours de l'entre-deux -guerres.

 

Giraudoux fait découvrir à Paul le café Vachette, au Quartier Latin, où ils rencontrent les poètes P.-J. Toulet et J.Moréas.

 

août : nouveau voyage en Italie, séjour à Torcello. A Venise, Paul retrouve Lisette Haas, une jeune fille dont il avait fait la connaissance à Paris, grâce, semble-t-il, à André Doderet et avait laquelle il continuera à correspondre.

 

15 décembre : départ pour Oxford, où, sur les conseils de Lord Alfred Douglas, Paul se fait inscrire comme "non collegiate".

 

1909

 

28 janvier : Paul prend une chambre chez un professeur de l’University College, Charles Freeman.

 

À Oxford, Morand passe ses journées à la bibliothèque Bodléienne, découvrant les romans de Meredith, les dramaturges élisabéthains et les poètes préromantiques. Il se rend aussi à Londres pour lire les auteurs anciens au British Museum. Ses camarades lui font découvrir la nouvelle poésie, Francis Thompson, Alfred E. Housman et William B. Yeats. Il compose ses premiers textes, comme “Le Seuil”, poème sur l'amour et la mort. (cf. Delvaille : Paul Morand, Paris, Seghers,1984, pp. 179-180) et “La Nuit”, évocation symboliste du monde des ombres.

 

Paul se lie d’amitié avec James Elroy Flecker, le poète, et avec Jack Beazley, futur spécialiste de la poterie grecque.

 

Février : Morand rédige pour l’université un essai sur le théâtre élisabéthain, “Les Masques à la cour d'Angleterre” (Cf. B. Delvaille : o.c., pp. 184-200).

 

Été : séjour à Venise.

 

Brève liaison à Paris avec Soledad Villafranca, compagne de l’anarchiste catalan, Francisco Ferrer. Elle lui fait rencontrer l’historien libertaire Alfred Naquet.

 

7 octobre : incorporation au 36è régiment d'infanterie, cantonné à Caen, pour un service militaire de deux ans.

 

1910

 

19 février : la commission de réforme ne le juge pas apte à servir dans une unité combattante et l’affecte au service auxiliaire. Il effectuera son service aux archives de la préfecture de Caen, installées dans un vieil hôtel de la rue de l’Engannerie. Il en profite pour lire beaucoup : Huysmans, Wells, Renan, Le Voyage en Orient de Nerval, le Journal des Goncourt, L’Histoire de Tom Jones de Fielding, Tolstoï et Dostoïevski. Vers la fin de l’année, il entreprend la rédaction d'un roman : Les Extravagants, scènes de la vie de bohème cosmopolite. Morand a raconté que Giraudoux lui aurait conseillé de jeter au feu ce " Barnabooth manqué ", et qu'il aurait suivi ce conseil. Mais, en réalité, il conserva longtemps ce manuscrit, qui refit surface à Los Angeles, en 1979, chez un marchand d'autographes.

 

1911

 

Été : les Morand louent le château de Feugerolles près de Caen. Lors de ses permissions, Paul y retrouve Jean Giraudoux, lancé dans la rédaction de Simon le pathétique.

 

24 septembre : son temps de service achevé, Paul est remis en disponibilité. Il s’inscrit en octobre à Sciences-- Po pour préparer le petit concours des Chancelleries, auquel Giraudoux a été reçu en juin 1910.

 

1912

 

Printemps : Morand est reçu premier au petit concours des Chancelleries.

 

26 juin : il est nommé attaché au Service du Protocole du Quai d’Orsay.

 

1913

 

24 avril : Paul Morand est reçu premier au grand concours des Ambassades.

 

13 mai : Affectation comme attaché à l'Ambassade de France à Londres.

Son travail le déçoit : -" besogne de chiffre et de machine à écrire, avec un salaire de cent vingt francs par mois"[1], mais Londres l’enchante et il se grise de mondanités. Trois des femmes rencontrées dans les salons londoniens lui serviront de modèle pour les portraits de Tendres Stocks : la princesse Lichnowski, épouse de l'ambassadeur d'Allemagne, Lady Cunard et Catherine d'Erlanger, avec qui il aura une liaison jusqu’en 1916.

Morand se lie aussi avec le journaliste irlandais Frank Harris, qui lui fait connaître le sculpteur Gaudier-Bredzka, ami d'Ezra Pound et membre du groupe vorticiste. Il passe parfois le week-end à Ascot, chez une amie de son père, la princesse Alice de Monaco. Il y fait la connaissance de Lady Brooke, la Ranee de Sarawak.

 

P. Morand compose un premier portrait de femme, “Consuelo”, inspiré d'une Américaine de Londres, Consuelo Vanderbilt, duchesse de Malborough . À la demande du modèle, ce portrait ne fut pas publié.

 

Chargé de convoyer la valise diplomatique à Istanbul, Morand emprunte l'Orient- Express pour la première fois.

 

1914

 

2 août : l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le lendemain, Morand rentre à Paris et rejoint son régiment, le 4e de zouaves, au fort de Rosny sur Seine.`

 

28 août : il est mis à la disposition du Ministère de la Guerre pour travailler à la section du chiffre.

 

13 septembre : versé dans le service auxiliaire par décision ministérielle, Morand est affecté à son ancien poste à l'ambassade de Londres.

 

12 décembre : la commission de réforme du consulat de France à Londres maintient Paul Morand dans le service auxiliaire. Le même soir, il écrit à son père : "J'ai accepté la décision qui me classe pour la deuxième fois dans les services auxiliaires, avec ce respect que j'ai pour les arrêts du destin. Le contraire, pour d'autres raisons, m'eût plu également, mais nous n'avons pas à irriter les dieux par des interventions personnelles dans l'ordonnance des décisions qu'ils prennent à notre égard."

 

 

1915

 

Fin août (ou début septembre) : Morand, lors d'un passage à Paris, occupe l'appartement de son collègue londonien, Henri Bardac, rue Galilée, et y reçoit en pleine nuit la visite de Marcel Proust : “Marcel continuait, debout, à bavarder […] Il continua ainsi longtemps, employant avec moi ce ton caressant et à demi-narquois qu’ont les hommes âgés et expérimentés pour parler aux jeunes femmes.” (in Le Visiteur du soir, éd. La Palatine, 1949, p.30)

 

7 novembre : première représentation des Cathédrales, poème dialogué d'Eugène Morand, interprété par Sarah Bernhardt.

 

1916

 

2 janvier : première lettre de Proust à Morand.

 

Fin mai : d’après le Journal inutile (t.2, p.758), c’est à cette époque que commence sa liaison avec Hélène Soutzo, qu’Antoine Bibesco lui a fait connaître lors d’un souper, au Savoy, en décembre 1915. Née Chrisoveloni, fille et sœur de banquiers grecs, elle est l’épouse du prince Dimitri (Dino) Soutzo, hospodar roumain, en poste à Paris comme attaché militaire à l’ambassade de Roumanie. Hélène Soutzo passe un mois à Londres dans le cadre d’une mission au profit de la Croix-Rouge roumaine.

 

31 juillet : Philippe Berthelot fait rappeler Morand à Paris pour travailler auprès de lui comme attaché de Cabinet. Emmanuel Bibesco, alors en poste dans la capitale anglaise, lui écrit : " Londres regrette le seul Français qui ne se soit pas laissé assimiler par elle ".

 

15 septembre : Morand commence à tenir la chronique quotidienne de son travail au Ministère et de ses sorties parisiennes. Ce texte sera publié en 1948, sous le titre : Journal d'un attaché d'ambassade: 1916-1917.

 

Chez Madeleine Le Chevrel, Morand rencontre François Mauriac, Jean Cocteau et Lucien Daudet, que le comte de Beaumont a mobilisés dans son groupe d’ambulanciers.

 

1er octobre : Morand participe au dîner offert à Alexis Léger, à l’occasion de son départ comme troisième secrétaire à Pékin.

 

6 octobre : première visite de Morand à Cocteau, qui le reçoit en robe de chambre noire.

 

Octobre : Paul s’installe rue de Montpensier, dans un appartement que lui sous-loue l'auteur dramatique américain, Edward Knoblock.

 

Introduit dans l'entourage de Misia Sert, grâce aux Berthelot, Morand y retrouve les amis de Cocteau, Georges Auric, Darius Milhaud, Jean Hugo, Valentine Gross, Lucien Daudet.

 

1917

 

4 mars : au cours d'un dîner chez Larue, Morand présente la Princesse Soutzo à Proust, qui tombe sous son charme et se prend pour elle d'une véritable "amitié amoureuse".

 

15 mai : Philippe Pétain est nommé général en chef à la satisfaction générale. Commentaire de Morand : " Quelle magnifique figure, on dirait sa propre statue ! "

 

16 mai : Véritables débuts littéraires avec la publication de “Clarisse ou l'amitié nouvelle” , dans le Mercure de France. C’est Henri de Régnier, ami d'Eugène Morand, qui a introduit l'écrivain débutant auprès de la revue.

 

21 octobre Morand, qui, depuis la disgrâce de Berthelot, cherche à partir à l’étranger, se voit proposer le choix entre Rome et Jérusalem, où il aurait été affecté auprès de Georges Picot. Pour, dit-il, ne pas s’éloigner trop d’Hélène, il choisit Rome, où il part comme 3e secrétaire.

 

13 décembre : il prend son service au Palais Farnèse. Il y aura quelques amis comme Maurice de Rothschild, le chartiste Pierre de Cénival, Canet et Gouze, mais il ne s’entend pas avec l'ambassadeur Camille Barrère, qu’il qualifie d’“ultra-national”. Il ne tarde pas à s’ennuyer dans cette "ville morne et sans pittoresque".

 

1918

 

fin mars, Morand se loge dans un atelier à l’intérieur de la villa Strohlfern, située à côté de la villa Borghèse, au cœur de Rome.

 

13 mai : Morand quitte Rome pour rejoindre Madrid où il est affecté auprès de l'ambassadeur Joseph Thierry, ancien ministre des Finances. Cette mutation n’a pas été souhaitée et s’expliquerait par la correspondance que Morand a maintenue avec Philippe Berthelot, alors en disgrâce.

 

27 mai : prise de poste à l'ambassade de France à Madrid, où il restera dix-huit mois en tant que 3e secrétaire. Parmi ses attributions, le Blocus et les listes noires, qui recensent les commerçants espagnols soupçonnés de fournir des matériels à l’Allemagne. Il loge Calle Olozagà, dans le bâtiment de l’ambassade, en cours de travaux.

 

De la fin juin à mi-août, il séjourne au Grand Hôtel Eskualduna, à Hendaye d’où il se rend chaque jour à San-Sebastian pour rejoindre ses collègues de l’ambassade qui y prennent leurs quartiers d’été.

 

Août : la revue espagnole Cervantes, animée par Guillermo de Torre, publie un article de Morand sur les nouvelles œuvres poétiques de Jean Cocteau.

 

30 août : Morand, rentré en France à l'expiration de son sursis d'appel, rejoint son régiment au fort de Rosny sur Seine. Il y passe une visite médicale au terme de laquelle il est déclaré inapte en raison d'une affection cardiaque organique ! Quelques jours plus tard, son sursis d'appel est prolongé jusqu'à la fin des hostilités.

 

Début octobre : retour à Madrid.

Fin octobre : Gabriel-Ferdinand Alapetite succède à Joseph Thierry, comme ambassadeur de France à Madrid.

 

1919

 

Année passée à Madrid. L’été, Morand séjourne à Hendaye où Hélène vient le rejoindre. Il visite aussi les Baléares.

 

Octobre : grâce à l’entremise de Jean Cocteau, Lampes à arc, son premier recueil de poèmes, est édité aux Editions du Sans Pareil. Commentaire de Giraudoux : " Tu es un poeta minor avec le sens de la poesia minor de l'époque. Au plus haut degré."

 

Le numéro d'octobre de la N.R.F. contient “Aurore”, une des nouvelles de Tendres Stocks.

 

1er décembre : Morand bénéficie d’une “permission” et rentre définitivement à Paris.

 

Hélène Soutzo s'installe au 3-5, avenue Charles Floquet, au pied de la tour Eiffel, dans l'hôtel particulier qu'elle avait fait construire peu avant la guerre.

 

1920

 

15 janvier : affectation au Ministère comme Secrétaire. Philippe Berthelot lui confie la section littéraire du Service des oeuvres françaises à l'étranger, installé au 3, rue François-1er. Dans ce service chargé de la diffusion culturelle et des écoles françaises à l'étranger (“ un anti-Quai d'Orsay” ), il a pour supérieur hiérarchique son ami Jean Giraudoux.

 

21 février : création du Bœuf sur le toit, farce-pantomine de Cocteau à la Comédie des Champs Elysées. Morand fait la connaissance du peintre Irène Lagut, avec qui il aura une brève liaison.

 

15 mai : Georges Auric lui présente Marie Laurencin, qui sollicite son aide pour recouvrer la nationalité française sans avoir à divorcer de son mari allemand.

 

début juillet : bref voyage à Budapest.

 

juillet : publication de Feuilles de température, son second recueil de poèmes.

 

fin août - début septembre : voyage dans le sud de la France; visite en Avignon à Irène Lagut et à Edmond Jaloux, à Marseille. Séjour à Juan les Pins avec Darius Milhaud.

 

24 décembre : réveillon chez les Morand avec Jean Giraudoux, Edouard Bourdet, Denise Rémon, et quelques autres.

 

1921

 

mi-mars : Morand emménage dans un petit pavillon avec atelier au 9, rue Daubigny, dans le XVIIe.

 

15 avril : voyage à Berlin puis Copenhague; le 20 avril, Morand est à Kristiana (Oslo), le 21 à Stockholm, le 22 en Finlande; retour par Berlin. Il y rencontre Georg Grosz.

 

18 juin : première représentation des Mariés de la Tour Eiffel, spectacle conçu par Jean Cocteau avec des musiques des Six.

 

Octobre-novembre : Morand écrit une série de notes sur la vie parisienne pour la revue italienne La Ronda. Il écrit à Valentine Hugo qu'il envisage une série de portraits d'hommes qui feraient le pendant à Tendres stocks (Lettre du 16.11.1921).

 

24 décembre : amené par Misia Sert, Morand passe le réveillon chez Gabrielle Chanel, avec Cocteau, les Six, Picasso, Marie Laurencin et Segonzac.

 

25 décembre : Philippe Berthelot, mis en cause dans l'affaire de la Banque industrielle de Chine, que dirige son frère, démissionne de son poste de secrétaire général du Quai d'Orsay.

 

31 décembre : Paul assiste au bal donné par le comte et la comtesse de Beaumont. Proust y fait une apparition.

 

1922

 

10 janvier : le patron du Gaya, Louis Moysès, s'installe au 28, rue Boissy d'Anglas et baptise son établissement Le Boeuf sur le toit.

 

lundi gras : Morand assiste chez les Beaumont au "bal des jeux" déguisé en saint-bernard. Hélène Soutzo est en arbre de Noël.

 

fin mars : publication d’Ouvert la nuit à la N.R.F.Le bandeau publicitaire annonce : " A ne pas laisser lire aux jeunes filles". Maurice Barrès loue dans une lettre "cet accent élégant et brutal... et jamais embêtant."

 

Le célèbre couturier et collectionneur Jacques Doucet se rend acquéreur du manuscrit de Tendres stocks.

 

Morand manque de peu le prix Goncourt qui est attribué à Henri Béraud.

 

18 novembre : mort de Marcel Proust.

 

Voyage en Turquie.

 

1923

 

février à avril : la section livres du Service des oeuvres françaises à l'étranger fait l’objet de violentes attaques orchestrées par l’écrivain Henri Béraud. On lui reproche de favoriser les publications des éditions de la N.R.F,”  les longues figures de la littérature gidarde, gallimardeuse et farrigoulique".

 

11 février, dîner chez J.-E. Blanche avec la baronne de Rothschild, Boylesve, Daniel Halévy, François Mauriac, Jacques Rigaut, Marc Allégret et Paul Valéry.

 

mars : publication de Fermé la nuit à la N.R.F. Simultanément P. Morand termine son premier roman, Lewis et Irène et entreprend la série des "contes" de L'Europe galante.

 

avril : Morand reprend l'ancien appartement de Marie Laurencin, un “petit 5è charmant” au 19, rue de Penthièvre, derrière le Ministère de l’Intérieur.

 

Morand participe au jury du Prix du Nouveau Monde qui couronne Le Diable au corps de Raymond Radiguet.

 

17 avril : Morand reçoit le Prix de la Renaissance pour Fermé la nuit, après trois tours de scrutin. Le jury était présidé par Colette.

 

1er septembre : entretien avec le critique Frédéric Lefèvre pour les Nouvelles littéraires.

 

Croisière en Dalmatie et en Grèce à bord du Zara, le yacht de Melchior de Polignac. Parmi les autres invités, le peintre Bonnard.

 

Court voyage à Moscou pour convoyer la valise diplomatique.

 

1924

 

15 janvier : publication des Poèmes (1914-1924) aux Editions du Sans Pareil.

 

18 janvier : Lewis et Irène sort chez Grasset. La publicité explique que pour écrire ce premier roman, l'auteur a accompli un stage de six mois dans une banque. Un rapport interne du Ministère du Quai d'Orsay manifeste une certaine irritation à l'égard des activités littéraires de Morand : " M. Paul Morand étant fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, on se demande comment il peut passer son temps dans une banque pour écrire ses livres. Il faut croire que ses occupations en tant que fonctionnaire ne sont pas très absorbantes d'où une suppression d'emploi s'impose si on veut réaliser des économies. "        

 

6 juin : divorce d'Hélène et du prince Dimitri Soutzo. Morand a présenté Hélène à ses parents ; il est question d’un mariage à une date rapprochée, qui aurait pu se tenir à Bangkok par souci de discrétion.

 

14 juillet : P.Morand est fait chevalier de la Légion d'Honneur.

 

31 octobre : après de longues négociations, Morand signe avec Bernard Grasset un contrat qui lui garantissait 160000 francs pour ses trois prochains livres : “Vous savez, écrivait Grasset au terme de la négociation, que je tiens tant à vous que vous pouvez me faire faire actuellement toutes les bêtises que vous voudrez.” ( lettre du 31.10.1924)

 

28 décembre : premier et unique dîner des Quatre M. (Mauriac, Maurois, Montherlant et Morand en présence de B. Grasset.

 

Succédant à Ezra Pound, Morand reprend la chronique des "Paris Letters" dans le magazine américain The Dial.

 

Sortie aux Etats-Unis de Open all night, film de Paul Bern (1889-1932), sur une adaptation de “la Nuit des Six Jours” par Willis Goldbeck, avec Adolphe Menjou,Viola Dana et Maurice “Lefty” Flinn.

 

Jean Chrisoveloni, frère d’Hélène, achète le château des Mesnuls. Morand et son épouse y feront quelques séjours.

 

1925

 

21 janvier-4 février : rapide voyage à Moscou, pour la valise diplomatique et l’installation de Jean Herbette comme premier ambassadeur de France en Union soviétique.

 

3 mars : Morand quitte la rue de Penthiève et s’installe dans un autre atelier, 11bis, avenue de Suffren, où il restera jusqu’à son mariage.

 

Fin avril : parution de L’Europe galante.Cocteau lui écrit : “ Tu es le seul prosateur qu’on emporte dans la poche des poètes.”

 

début juin : ouverture de l’Exposition internationale des Arts décoratifs de Paris. Plus tard, Morand s'exprimera sévèrement sur cette époque et sur son style : "1925, c'est déjà la vulgarisation, Marie Laurencin et Picasso diffusés sur les affiches des Galeries Lafayette..." ( Lettre à Chardonne, 8.1.1953)

 

3 juin : Tout en bénéficiant d'un congé du Quai d'Orsay, Morand accepte de remplacer provisoirement Pila, le chargé d’affaires à Bangkok momentanément rentré en France.

 

début juin : annoncé de longue date chez Gallimard et retardé à plusieurs reprises, L’Europe galante paraît enfin chez Grasset. Le succès du livre est rapide : les placards publicitaires annoncent 50000 exemplaires vendus début juillet, et 90000 à la mi-août.

 

25 juin : embarquement à Cherbourg sur le Magestic, " the largest steamer in the world". Pour rejoindre Bangkok, Morand a décidé de passer par les Etats-Unis et de faire, à ses frais, un véritable tour du monde: “Pour nous, 1925, fut donc le signal de la dispersion et du départ : Cocteau avait fui dans l’opium, Radiguet dans l’autre monde, Milhaud rentrait chez lui à Aix, Jean Hugo avec Valentine, à Fourques, moi, je courais rejoindre un poste en faisant le tour du monde. Tous nous sentions le moment venu de distancer nos légendes qui nous guettaient pour nous tomber dessus ;” (L’Eau sous les ponts, Grasset, 1954, p.13-14)

 

30 juin : arrivée à New-York. À l’insu de son éditeur français, Morand signe avec le rédacteur en chef de Vanity Fair un contrat pour douze nouvelles qui constitueront le recueil East India and Co.

 

8 juillet : embarquement à Vancouver pour Yokohama à bord du Canadian Pacific SS Empress of Australia.

 

21 juillet : arrivée au Japon. Il écrit à Hélène Berthelot : “Je vais aller faire mes dévotions au grand bouddah de Kamakura et lui demander aide et protection pendant mon séjour asiatique. Puis je vais gagner Pékin, non par Moukden car il y a beaucoup de soldats chinois qui, entre deux batailles, viennent dormir, paraît-il, dans votre lit, mais directement par Tien-Tsin. Ensuite je me laisserai glisser jusqu’au bas de l’échelle, vers Bangkok.” (Lettres du voyageur)

Il visite Nikko, le musée de Nara et passe quelques jours chez Claudel à Chuzenji.

 

En Chine, Morand rend visite à ses collègues en poste à Pékin et à Shanghai.

 

Mi-août : arrivée à Hongkong en pleine grève. Morand rembarque pour Manille et Singapour : “ Je n’ai pas aimé” la Chine, écrit-il à Valery Larbaud, “Cela m’a paru d’une dureté et d’une férocité sans nom et je ne suis pas dans un moment à çà- ou je crois plutôt que j’ai passé l’âge et que je n’ai plus la santé d’être méchant.” (Lettres à des amis et à quelques autres)

 

29 août : Morand quitte Singapour après une halte de deux jours.

 

5 septembre : arrivée à Bangkok.

 

20 octobre : souffrant d'une dysenterie contractée en cours de voyage, Morand télégraphie au Ministère qu’il quitte Bangkok pour raison sanitaire (dysenterie ou amibes ?). Il gagne le Cambodge, puis Saigon où il arrive début novembre. Alors qu’il est hospitalisé à la clinique Angier, Malraux lui écrit pour lui proposer une rencontre qui aura lieu le 2 novembre. (voir Journal inutile., t.2, p.465)

 

fin novembre : arrivée à Marseille à bord du D'Artagnan.

 

20 novembre : promotion au rang de secrétaire d'ambassade de première classe.

 

1926

 

15 mars  : à sa demande, Morand est mis à la disposition par le Ministère.

 

Voyage en Belgique et en Hollande. Morand travaille à une série de "notes et maximes" sur le voyage.

 

27 mai : publication de Rien que la terre. Dans les premières pages, Morand écrit : “Il restera d’entrer à la Trappe – cette légion étrangère de Dieu -, et de chercher désormais en hauteur un infini que l’étendue ne peut plus nous donner […]”

 

mi-juillet : Morand souffrant de sciatique commence une cure aux thermes d'Acqui, prés de Gênes. Il reprend son roman, Bouddha vivant.

 

novembre et décembre : Morand séjourne seul à Tamaris, dans la villa d’Edouard Bourdet, pour achever Bouddha vivant. Il fait lire le manuscrit à Edmond Jaloux.

 

1927

 

3 janvier : mariage de Paul Morand avec Hélène Soutzo à la mairie du VIIe arrondissement de Paris. Les témoins de Paul sont Philippe Berthelot et Constantin Diamandy, ministre de Roumanie en France. Ceux d'Hélène sont Demetrios Chrisoveloni, son frère et Sibylla Chrisoveloni, épouse de son frère Jean.

 

4 janvier : mariage religieux à l'église orthodoxe grecque de la rue Bizet.

 

20 janvier : chargé par Edouard Herriot, ministre de l’Instruction publique, d’une “mission gratuite” pour étudier les rapports intellectuels de la France et de l’Amérique. Morand embarque avec son épouse sur L'Espagne à destination de Vera Cruz, Mexique. Escale à Cuba. Mexican Railway pour rejoindre Mexico qu’ils visitent sous la conduite de l'écrivain et ministre des Affaires étrangères, Genaro Estrada.

 

fin février : par la route ils gagnent El Paso le 17 février, puis Ciudad-Juarez à la frontière américaine et arrivent à San Francisco en alternant train et voiture de location.

 

3 mars: Morand et Hélène vont accueillir Claudel arrivant du Japon pour rejoindre son nouveau poste d’ambassadeur à Washington. Ils visitent ensemble le Grand Canyon du Colorado. Visite de Yosemite Valley, puis traversée de la Louisiane en voiture et arrivée à New York où les Morand descendent au Pennsylvania Hôtel.

 

mars : publication chez Hachette de l'essai sur Le Voyage.

 

2 avril : départ de New-York pour la France.

 

Mai et juin : parution de Bouddha vivant dans La Revue de Paris

 

Paul Morand s’installe dans l'hôtel particulier de sa femme, 3, avenue Charles-Floquet, à Paris. Ce sera son adresse parisienne jusqu'à sa mort. Cet hôtel est l’œuvre de l’architecte Pierre Humbert et a été construit entre 1912 et la fin de la guerre, sur un terrain qui, au dire d’Hélène Morand, faisait partie de sa dot de mariage avec Soutzo.

 

10 novembre : le couple s’embarque à nouveau à destination des Antilles. Passage à la Guadeloupe, la Martinique, l'île de la Trinité, Carupano, La Guayara, Caracas, Curaçao et Haïti où ils arrivent le 2 décembre. À Haïti, Paul rencontre Jacques Roumain, le jeune fondateur de La Revue indigène, les arts et la vie en compagnie duquel ils explorent l’intérieur de l’île.

 

22 décembre : arrivée à La Havane. En bateau, ils gagnent le sud des Etats-Unis, visitent la Nouvelle -Orléans et Baton-Rouge, traversent le Mississipi, l'Alabama, la Floride la Caroline du Sud, celle du Nord et gagnent New-York par la Virginie.

 

1928

 

4 janvier : départ de New-York sur le Maurétania. Morand annonce : "1928 est une année de repos. Je ne publierai que mes notes de voyage..." (cité par G. Guitard-Auviste, o. c., p.139).

 

28 janvier : les Morand s'embarquent à Marseille pour l'Afrique noire , à bord du Madonna. Ils sont accompagnés de Mme Édouard Herriot. Sur le bateau, ils font la connaissance du grand reporter Albert Londres, qui entreprend une enquête sur l’exploitation des Noirs (cf. Terre d’Ébène, Albin Michel, 1929). Ils le retrouveront à Bamako et feront route avec lui pour gagner Tombouctou.

 

1er mars : les Morand quittent Man en Côte d’Ivoire pour gagner Danané sur la frontière avec le Libéria, puis embarquement à Grand-Bassam pour rejoindre Dakar.

 

fin mars : visite au Gouverneur Général de l’A.O.F., M. Carde, avant de rembarquer pour regagner la France en faisant escale à Las Palmas.

 

mi-juin : parution de Magie noire, chez Grasset.

 

juillet : remontée du Rhône en hydroglisseur, de Lyon à Aix-les-Bains, avec le constructeur d'automobiles, Gabriel Voisin.

 

28 juillet : Morand publie dans Comœdiaun article pour défendre le roman de Jean Desbordes, J’adore, dont la sensualité homosexuelle avait scandalisé certains critiques.

 

15 août - 13 septembre : croisière en Méditerranée en compagnie d'Alfred Fabre-Luce et de sa femme, de Denise et d'Edouard Bourdet, de Paul Chadourne, Jean Rouvier et Mlle de Lucinge. Escales aux Baléares, en Corse et en Sardaigne.

 

Août ou septembre : Venise. Visite à la villa Malcontenta que Berty Landsberg et Catherine d’Erlanger venaient d’acquérir.

 

Octobre : publication de Paris-Tombouctou.

 

Bal Proust chez la princesse de Faucigny-Lucinge : Paul est déguisé en Charlus et Hélène en Madame Verdurin. Valentine Hugo est en Sodome et Gomorrhe...

 

Acquisition de L'Orangerie, une villa surplombant Villefranche-sur-Mer : "une toute petite maison composée d'une salle de bains, d'un bureau et de deux chambres à coucher." Elle disposait d’un jardin et de terrasses donnant sur la mer.

 

Morand s’offre sa première Bugatti.

 

1929

 

14 janvier : arrivée à New-York, pour un séjour de deux mois.

 

mi-mars : parution d'Hiver caraïbe, chez Flammarion.

 

printemps : rédaction de New-York, à Villefranche-sur-Mer où Jean Cocteau le rejoint.

 

Les Morand donnent dans leur hôtel de l'avenue Charles-Floquet, une représentation en avant-première de la pièce d'Edouard Bourdet, Le Sexe faible.

 

1er décembre : début de la publication de New-York dans la Revue de Paris.

 

1930

 

14-25 avril : voyage au Maroc où Morand séjourne chez son cousin, Eirik Labonne, alors résident général de France à Rabat. À cette occasion, il visite les régions dissidentes du Maroc espagnol. À Fez, il retrouve André Doderet. Au retour, il s'arrête à Séville et à Madrid.

 

début mai : publication de A la Frégate.

 

mai : séjour à Villefranche avec la projet d'écrire un film. Avec Pierre Benoit, Edouard Bourdet et Sacha Guitry, Morand participe au comité littéraire de Paramount-- France. Plusieurs projets de scénarios, dont un à partir du Don Quichotte de Cervantès.

 

juin : publication de Champions du monde chez Grasset. Morand achève avec ce roman la série des Chroniques du XXe siècle.

 

30 septembre-- 31 octobre : séjour en Roumanie où Hélène rend visite à sa famille et à la reine Marie dans sa résidence de Balcic. Morand découvre à cette occasion le delta du Danube. Retour par Varsovie.

 

Hélène Morand perd une grande partie de sa fortune personnelle dans les malheureuses opérations boursières de la banque Chrissoveloni à Londres.

 

Morand fait don de sa collection d’objets primitifs au Musée de l’Homme.

 

1931

 

1er mars : croisière sur L'Aphros, loué par Morand à André Embiricos, un parent d'Hélène. Ils font route vers l'Egypte et la Palestine. Paul fait des conférences au Caire et à Alexandrie. Retour par la Grèce et Salonique.

 

juin : publication de 1900, aux Editions de France.

 

Début d’une liaison avec Natacha Paley, fille du grand-duc Paul Alexandrovitch et épouse du couturier Lucien Lelong. Paul continue à mener une existence très mondaine ; on le voit au Bœuf sur le toit, chez Florence Gould, Misia Sert, Elsa Maxwell, Edmée de la Rochefoucauld.

 

Juillet : Paul et Hélène participent au vol inaugural de “La Flèche d’Orient” en compagnie de Paul-Louis Weiller, d’Aliki Dyplarakos, et du couple Bour.

 

25 août : arrivée à Rio de Janeiro, accueilli par l'écrivain Alfonso Reyès, ambassadeur du Mexique en Argentine.

 

11 septembre : arrivée à Buenos-Aires où il prononce pour " les Amis de l'Art " une série de six conférences.

 

fin septembre et novembre : voyage à travers l'Amérique latine : Sao Paulo, Montevideo, Santiago du Chili, la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, la Colombie et Panama. Aux Etats-Unis : La Nouvelle-Orléans, Détroit, Chicago, Boston et, à nouveau, New-York.

 

25 novembre : retour à Paris. Début d'une collaboration amicale avec Jean Jardin, jeune diplômé de Sciences-Po., à qui Morand demandera de rassembler de la documentation pour certains de ses essais ou articles.

 

1932

 

janvier : parution de Flèche d’Orient.

 

25 janvier : création à la Comédie française du Voyageur et l'Amour, pièce de Paul Morand.

 

août : Paul Morand travaille avec Alexandre Arnoux sur le scénario et les dialogues d'un film tiré de Don Quichotte, dont le rôle-titre est confié à Chaliapine. Morand écrit le texte des trois Chansons de Don Quichotte à Dulcinée qui seront mises en musique par Ravel. Après de multiples difficultés, le film sera finalement réalisé par Pabst qui préférera une musique d’Ibert et des chants d’Alexandre Arnoux. Morand projette aussi une adaptation de Lewis et Irène avec Charles Boyer.

 

6 août : Morand réintègre le Ministère des Affaires Etrangères, mais il est aussitôt mis à la disposition du Sous-Secrétariat aux Travaux Publics chargé du Tourisme.

 

septembre - décembre : le tournage de Don Quichotte, sous la direction de G.W.Pabst a lieu dans les environs de Grasse. Morand y vient chaque jour depuis Villefranche. Dans les studios de Nice, il fait la connaissance de Josette Day, âgée de 18 ans, avec qui il aura une longue liaison.

 

Novembre : séjour d’un mois à Londres où il se documente pour son Londres.

 

1933

 

février : conférence à Bâle, puis à Londres.

 

Mai : Morand rencontre un grand succès avec son Londres.

 

octobre : voyage et cure en Italie. Dans le premier numéro de l’hebdomadaire 1933, créé par Henri Massis, paraît un virulent article de Morand dénonçant l’inaction de la police à l’occasion d’une série de crimes sexuels et appelant au relèvement moral du pays. La dernière phrase de l’article “ Mais nous voulons des cadavres propres”, sera souvent citée à charge en lui donnant un sens politique.

 

novembre et décembre : prépublication de France-la-Doulce, dans l'hebdomadaire Marianne. Morand y règle ses comptes avec les milieux du cinéma.

 

Tout au long de l'année 1933 et au début de l’année suivante, Morand multiplie les visites "académiques" avec les encouragements d'Abel Hermant et de Paul Valéry. Ses concurrents sont le critique René Doumic, directeur de la Revue des Deux Mondes et André Maurois. Ses démarches resteront sans suite.

 

1934

 

février : Morand publie dans Le Figaro un hommage aux “ Morts du pont de la Concorde”, rare prise de position explicite, qui le coupe des intellectuels. Gide s’en serait inquiété auprès de Berl : “ Quelle idée a eue Morand de pactiser avec la bêtise?”

 

juin : Morand entre à la commission des directeurs du Figaro, que Léon Cotnaréanu, devenu son principal actionnaire, vient de reprendre en main. Il y siège aux côtés de Lucien Romier, Pierre Brisson, André Maurois et Wladimir d’Ormesson.

 

27 juin au 28 juillet : croisière dans les iles grecques, sur l'Alphée, yacht appartenant à Léon et Yvonne Cotnareanu (en compagnie d’ Hélène Vacaresco )

 

août : Morand est promu au rang de Conseiller d'ambassade. Il publie un recueil d'articles et de chroniques : Rond-Point des Champs-Elysées.

 

Décembre : voyage en Roumanie, Suisse, Allemagne, Autriche et Hongrie. Séjour à Bucarest en compagnie de Léon Cotnareanu.

 

Les éditions Gallimard confient à Morand la direction de la collection

" Renaissance de la nouvelle ". Chez Grasset, il préface la réédition de La République des camarades, satire antiparlementaire publiée par Robert de Jouvenel en 1914.

 

1935

 

3 avril : Morand est mis à la disposition du Ministère du Commerce et Pierre Laval le désigne comme délégué du Département auprès du commissariat général de l'Exposition de 1937. Sa mission consistera à "agir en propagandiste auprès du public étranger avec toute l'autorité et les facilités que lui assure sa réputation. "

 

3 juillet : déjeuner avec le colonel de la Roque, Mauriac, Thierry de Martel, chirurgien et fils de Gyp, Guy de Pourtalès et les frères Tharaud.

 

Rencontre de May Schneider, duchesse de Cossé-Brissac qui l’invite à une chasse à courre sur ses terres de La Celle-les-Bordes.

 

1936

 

30 janvier : achat de la maison des Hayes, au hameau de Bourdonné, près de Gambais, en bordure de la forêt de Rambouillet.

 

février - mars : Long voyage au Moyen-Orient : Egypte, Arabie, Yémen, Irak, Syrie. A Alexandrie, Morand donne une conférence sur le roman policier.

 

12 novembre : Candidat au fauteuil de Jules Cambon, à l'Académie française, Morand est battu par l'amiral Lacaze par 16 voix contre 6.

 

Morand est nommé membre du Conseil supérieur des émissions ( instance de contrôle de la radio).

 

1937

 

Morand est affecté au Commissariat général de l’Exposition Universelle de Paris.

 

Tiré d'une nouvelle de Rococo, le film La Mort du cygne, réalisé par Jean Benoît-Lévy et Marie Epstein, avec Mia Slavenska, Yvette Chauviré, Jean Périer et Jeanine Charrat, obtient le Grand Prix du cinéma français de l'Exposition Universelle.

 

Publication d’Apprendre à se reposer.

 

1938

 

octobre : publication d’Isabeau de Bavière, femme de Charles VI.

 

6 décembre : signature du pacte de non-agression franco-allemand par Bonnet et Ribbentrop. Le lendemain Morand assiste à la réception donnée par Ribbentrop à l’ambassade d’Allemagne.

 

14 décembre : à sa demande, Morand est réintégré dans le cadre des agents des Affaires Etrangères et nommé représentant de la France aux Commissions fluviales internationales.

 

Morand est nommé membre du jury du Grand Prix de Littérature.

 

1939

 

juin : Morand participe à la Commission du Danube, à Bled, en Slovénie. Visite à Venise.

 

août : prépublication du Mouchard mouché, dans la Revue des Deux Mondes.

 

fin août : Morand arrive à Londres à la tête de la mission française de guerre économique qui comporte une soixantaine de membres, dont Pierre Bessand-Massenet, un ami de longue date de la famille Morand. Il s'installe à l'Hôtel Savoy, Berkeley Square. Les bureaux de la mission sont installés dans la London School of Economics.

 

13 septembre : le service de Morand est rattaché au Ministère du Blocus créé par Daladier et confié à Georges Pernot, sénateur du Doubs, qui sera remplacé, le 21 mars 1940, par Georges Monnet.

 

Au cours de l’automne, Morand assiste à la session de la commission du Danube à Galatz.

 

1940

 

printemps : Hélène l’ayant rejoint à Londres avec son petit-fils, Morand prend un logement à Richmond. Il écrit La Matrone d'Ephèse.

 

4 juillet : rupture des relations diplomatiques entre la France et l'Angleterre. Diverses personnes pressent Morand de rejoindre de Gaulle:

“ En mai[sic] 1940, de Gaulle m’a fait dire de venir le voir. Or j’étais à Londres, installé un an avant lui, j’avais son grade ou à peu près, j’étais plus ancien, j’ai fait celui qui attendait de lui une visite. Avait-il d’autres chiens à fouetter, était-ce orgueil, il n’est pas venu à mon bureau. Sans doute est-ce par rancune que quarante ans après il ne m’a pas reçu à l’Elysée.” (Journal inutile, t.2, p.680)

 

20 juillet : Morand est évacué avec la plus grande partie du personnel de sa mission (63 personnes sur 68) par les soins du gouvernement britannique. Il quitte Liverpool sur l’Orduna à destination de Lisbonne. Il avait demandé télégraphiquement l’autorisation de rentrer, mais le télégramme qui lui enjoignait de rester en poste ne serait parvenu que 24 heures après le départ de l’Orduna. Avant son départ, il avait adressé à Paul Baudouin, ministre des Affaires Etrangères, une “Relation sommaire de la situation à Londres du 17 juin au 20 juillet”, dans laquelle il rendait compte de la situation de l’ambassade et accusait Jean Monnet d’être favorable au Général de Gaulle, créant ainsi de nouvelles complications dans les relations avec l'Angleterre.

 

1 août : Morand est fraîchement accueilli à Vichy par le Ministre des Affaires étrangères, Paul Baudoin qui comptait sur lui pour conserver un contact officieux avec les autorités anglaises. Ordre lui est donné de ne pas repartir à Londres.

 

Août : Morand a un long entretien avec le maréchal Pétain. Il commentera plus tard son ralliement, dans une lettre à Pierre Brisson : “Tu connais ma position ; elle n’a jamais varié depuis 10 ans : je n’ai jamais cru aux Russes, ni à Gamelin, ni à Mandel (je le lui ai souvent dit, ayant de l’amitié pour lui) et si je suis revenu d’où j’étais l’an dernier [de Londres] et où j’aurais pu rester pour mon plus grand profit, c’est parce qu’ayant jugé que le Maréchal avait raison, je me suis rallié, sans hésiter une seconde, en Münichois de la première heure…Il ne faut tout de même pas perdre deux fois la même guerre […] ( cité dans André Lang, Pierre Brisson, éd. Calmann Lévy, 1968, p.260).

 

26 août : Morand se voit notifier sa mise à la retraite d'office par son ministre Paul Baudoin.

 

Novembre : à Paris, début de la rédaction de L'Homme pressé.

 

9 décembre : parution du premier numéro de la N.R.F. dirigée par Drieu la Rochelle, dans lequel se trouve un article de Morand.

 

Morand écrit des articles pour le Figaro de la zone libre, replié à Lyon.

 

1941

 

Les Morand vivent tantôt à Paris, tantôt dans leur maison des Hayes. Ils reçoivent des écrivains et des artistes, surtout parmi ceux, qui, comme eux, soutiennent la politique menée par le gouvernement de Vichy : Marcel et Elise Jouhandeau, le chorégraphe Serge Lifar, le pianiste Alfred Cortot. L’écrivain Ernst Jünger, officier de l’armée d’occupation est reçu à plusieurs reprises avenue Charles-Floquet, où il croise Gerhard Heller, Karl Epting, directeur de l’Institut allemand et quelques officiers supérieurs allemands.

 

9 juin : Morand est nommé membre du Conseil du Livre.

 

29 août : article de P. Morand dans Voix françaises, journal catholique de la zone occupée :

            " Lorsque frappèrent à nos frontières des peuples soumis à une haute pression patriotique, portés au rouge dans toutes les formes de leur vitalité, ayant présent à l'esprit le sentiment tragique et dionysiaque de l'existence (...) lorsque ces peuples, menés par des hommes pour qui ne comptait que le bonheur collectif, se furent heurtés à nous, un terrible choc se produisit, comme entre des pôles négatif et positif. Les chefs de ces masses, pour qui la vie avait été longue et difficile, firent voler en éclats les faibles et vieux hédonistes qui nous dirigeaient (si l'on peut dire) et pour qui la vie était courte et bonne. "

 

septembre : publication du roman L'Homme pressé.

 

novembre : rédaction d'une nouvelle préface à 1900.

 

23 novembre : Paul Morand reçoit à déjeuner Gaston Gallimard, Jean Cocteau

et Ernst Jünger.

 

Décembre : Hélène fait intervenir un de ses parents, le baron de Thienen, attaché à Otto Abetz, l’ambassadeur du Reich à Paris, pour que le mari de la romancière Colette, Maurice Goudeket, que les Allemands avaient arrêté en raison de ses origines juives, soit relâché. Il sera libéré peu après.

 

1942

 

février : le mari de Colette, Maurice Goudeket, arrêté par la Gestapo en décembre 1941, est libéré grâce aux interventions de Paul et Hélène Morand auprès de Suzanne Abetz, grande admiratrice de Colette dont Goudeket était le troisième mari.

 

1 avril : Morand est nommé membre de la Commission de contrôle du papier d’édition aux côtés de Bernard Faÿ, président du Conseil du Livre français, Marcel Rives, directeur du Comité d’Organisation du Livre, René Philippon, président du syndicat des éditeurs, Louis de Broglie. La Commission a pour secrétaire Mme Robert Antelme ( Marguerite Duras). Y collaborent en tant que lecteurs : André Thérive, Ramon Fernandez, Dionys Mascolo, Brice Parain, secrétaire des éditions Gallimard. La Commission refuse le livre de Léon-Paul Fargue, Déjeuners au soleil, et celui de Valéry, Mauvaises pensées.

 

mai : René de Chambrun, ami de longue date de Morand, le fait venir à Vichy pour entrer au cabinet de Laval, son beau-père, comme attaché libre.

 

16 mai : invitation à l’Institut allemand pour le concert de Wilhelm Kempf en l’honneur d’Arno Breker.

 

Morand publie chez Flammarion une Vie de Guy de Maupassant.

 

1er juin : Morand est réintégré dans les cadres du ministère des Affaires Etrangères, à compter du 26 août 1940. Il est affecté à l'administration centrale.

 

22 juin : Morand tente de convaincre Laval de modifier l’allocution qu’il s’apprête à prononcer et dans laquelle se trouve la phrase : “ Je souhaite la victoire de l’Allemagne …” 

 

Le même jour, le Figaro publie une tribune de Morand, “L’Écrivain et l’événement”.

 

16 juillet : nomination à la tête de la Commission de censure cinématographique qui a la charge de visionner les films nouveaux et d’interdire la diffusion de ceux qui pourraient être offensants pour la France et le régime. Il est également chargé, avec Marcel Achard, d’examiner les scénarios nouveaux et de veiller à leur qualité.

 

28 juillet : Morand est promu ministre plénipotentiaire de 2éme classe.

 

4 septembre : Morand prête serment de fidélité au maréchal Pétain.

 

9 septembre : les Morand donnent une réception, avenue Charles-Floquet, à laquelle assistent Ernst Jünger et Jacques Benoist-Méchin. Jünger note dans son journal à propos d'Hélène Morand : " Ce qui me frappe le plus chez cette femme, c'est son sens aigu de la politique, cette force particulière qui me fascine autant qu'elle me fait horreur."

 

octobre : parution d’une brochure de propagande en faveur de Pierre Laval, à laquelle Paul Morand aurait mis la main avec René de Chambrun, gendre de Laval, et d’Ukerman, patron des éditions Flammarion.

 

novembre : Paul Morand et Georges Bonnet se portent candidats pour succéder à François Gentil au poste d’ambassadeur à Lisbonne.

 

Publication en Suisse des Propos des 52 semaines où sont reprises diverses chroniques parues dans Voix françaises et dans divers journaux de l'époque, dont deux petits articles anodins donnés à Combats, l’organe de la Milice.

 

1943

 

début de l’année : P.Morand vend L'Orangerie, sa maison de Villefranche-sur-Mer.

 

Par l’intermédiaire du baron de Thienen et de Mme Otto Abetz, épouse de l'ambassadeur du Reich à Paris, Hélène et Paul Morand interviennent en faveur d’amis juifs emprisonnés, dont l'acteur Jean Yonnel, la cantatrice Maria Freud, la comédienne Anne Hirsch. Pour la romancière Irène Nemirovski et le critique littéraire Benjamin Crémieux, leurs interventions ne purent aboutir, car ils avaient déjà été déportés.

 

29 janvier : par télégramme diplomatique, Salazar oppose son veto à l’éventuelle nomination de Morand comme ambassadeur à Lisbonne en raison de l’insulte faite au Portugal dans “Lorenzaccio ou le retour du proscrit”, une des nouvelles de L’Europe galante, dont “le final de la plus grande obscénité” interdit que son “auteur puisse exercer des fonctions, particulièrement des fonctions diplomatiques au Portugal.”

 

23 avril : un petit-déjeuner réunit chez les Morand Ernst Jünger, Louis-Ferdinand Céline, Jacques Benoist-Méchin et la comtesse Palffy.

 

juillet : suite aux protestations provoquées par l'interdiction du film de Grémillon, Lumière d'été, Morand accepte de revenir sur sa décision et démissionne de la Commission de censure.

 

20 juillet : Morand est nommé ministre plénipotentiaire de 1ére classe, envoyé extraordinaire auprès du roi Michel de Roumanie, à Bucarest.Commentaire de Maurice Martin du Gard : «[…] Morand part pour Bucarest pour s’évader et faire plaisir à sa femme. »

 

28 août : arrivée de Morand à Bucarest, où il remplace Jacques Truelle, qui a fait défection et gagné Alger.

 

16 septembre : Morand remet ses lettres de créance au roi Michel au Palais de Peles, à Sinaia. Il sera aussi reçu par le Maréchal Antonesco.

 

25 septembre : P. Morand adresse à Laval son premier télégramme sur la situation roumaine. Il enverra trois longs rapports au cours de son séjour.

 

23 octobre : nouveau rapport de Morand à Laval sur la situation roumaine.

 

Décembre : Morand demande à l’ambassadeur du Reich à Bucarest, le baron von Killinger, d’autoriser l’acheminement en train vers la France de l’aide alimentaire offerte par la Roumanie aux étudiants de l’université de Paris et aux populations.

 

Averti de la présence dans la Légation d’une radio émettant clandestinement à destination de Beyrouth et craignant une descente des S.S., Morand la fait rechercher et la confisque. Il fait rappeler en France un consul qui, en opposition avec ses ordres, avait délivré de faux papiers à deux officiers français évadés d’Allemagne.

 

1944

 

janvier : prévoyant les prochains bombardements alliés sur Bucarest, Morand organise le repli des personnels de l’ambassade et de leur famille sur un sanatorium désaffecté, situé à Bran Petresti, à 195 kilomètres de la capitale roumaine. Il rend visite à la colonie française d’Odessa.

 

31 janvier : mort de Jean Giraudoux : Morand lui rendra hommage en février à l’occasion d’une conférence devant les étudiants de l’Institut français de Bucarest .

 

mars : l’armée rouge pénètre en Roumanie.

 

fin mars : fuyant les violents bombardements sur Bucarest, les Morand se replient à Galatz (Galati), berceau de la famille d'Hélène.

 

Morand fait évacuer le personnel de l'Institut français à Pascani et à Bran.

 

17 mai : ayant obtenu son affectation en Suisse, Morand remet la chancellerie à son subordonné, M.Spitzmüller, et quitte hâtivement Bucarest.

 

Début juillet : Morand dîne en tête-à-tête avec le maréchal Pétain

 

13 juillet : Paul Morand est officiellement nommé ambassadeur de l’État français à Berne où Jean Jardin, ancien chef de cabinet de Pierre Laval, était en poste comme chargé d'affaires depuis début avril.

 

23 août : le maréchal Pétain est contraint de quitter Vichy et de gagner l’Allemagne. Ne pouvant plus correspondre avec son ministère de tutelle, Morand informe les autorités suisses qu'il met fin à ses fonctions auprès d’elles. Il confie les locaux de l’ambassade au conseiller, Jean Jardin.

 

4 septembre : Morand demande par télégramme sa mise en congé à M. Massigli, commissaire aux Affaires étrangères du Comité Français de Libération Nationale. Ce télégramme reste sans réponse.

 

14 septembre : Morand est révoqué, sans pension ni indemnité, par décret signé du Général de Gaulle et de Georges Bidault. Le consulat de France à Lausanne refuse de lui délivrer un passeport.

 

16 septembre : publication dans Les Lettres Françaises de la liste noire des écrivains épurés ; Paul Morand y figure au même titre qu’ Alfred Fabre-Luce, Jean Giono, Montherlant, Thérive, Sacha Guitry et Bernard Faÿ. Le nom de Morand n’apparaît plus sur la liste publiée le 21 octobre 1944.

 

Paul et Hélène Morand se retirent, avec leur petit-fils Jean-Albert, à Territet-Mont-Fleuri, dans une villa surplombant le lac de Genève, où les rejoint Madame Eugène Morand, la mère de Paul.

 

1945

 

Contraint à l'exil, Morand est également mis à l'index par le Comité National des Ecrivains et ne peut plus publier en France :

            "Je n'écrirai jamais plus dans les journaux. Je suis guéri du luxe et débarrassé des faux amis, des thés, de l'Académie, c'est merveilleux ! {...} Le malheur et le cafard me feront faire, j'espère, mon salut en art. Je vis pauvrement dans une immense maison d'un délabrement splendide devant la sortie du Rhône, je cultive des potirons énormes comme dans les contes de fées, j'arrache mes patates, je m'ennuie beaucoup, je lis un livre par jour. " ( Lettre à Madame A. Fabre-Luce, 27.09.45)

 

1946

 

Mars à septembre : Paul Morand écrit Parfaite de Saligny à Territet.

 

1947

 

28 février : décès de Madame Eugène Morand. Bref séjour à Paris pour les obsèques. À cette occasion, Morand dîne chez Edouard Herriot.

 

mars : publication à Genève de Montociel, rajah aux grandes Indes.

 

1948

 

fin février : les Morand s'installent à Vevey, où ils louent le rez-de-chaussée du château de l'Aile, une vieille bâtisse de style troubadour, magnifiquement située au cœur de la ville et au bord du lac. Ils y recevront pour le thé nombre de réfugiés ou d’exilés vivant à proximité, tels que la reine Victoria d’Espagne, la veuve d’Arthème Fayard, le critique Edmond Jaloux, André Germain, le diplomate et collectionneur Pierre Sabatier d’Espéran, Igor Markevitch et Jean Cortot, fils d’Alfred Cortot.

 

mars : publication du Journal d'un attaché d'ambassade, aux éditions de La Table Ronde, à Genève.

 

Gabrielle Chanel lui ayant demandé de rédiger ses mémoires, Morand déjeune régulièrement avec elle à l’hôtel Beaurivage de Lausanne. “ J’ai connu trois personnes qui parlaient seules, n’écoutant pas vos réponses, et vous considéraient a priori comme des imbéciles : Claudel, Colette et Chanel.” (Journal inutile, t.1, p.544). Une cinquantaine de feuillets étaient écrits en 1948.

 

1949

 

6 mars : arrivée de Morand à Séville où il travaille au Flagellant de Séville. Il séjourne chez le poète Joaquin Romero Murube, dans une maison située sur le rempart de l’Alcazar, dont Murube est conservateur. Il séjournera deux mois en Andalousie au cours desquels il rencontre, entre autres, Vicente Aleixandre, Jose Bergamin, Luis Cernuda, Gerardo Diego.

début mai : retour à Vevey. Morand est très pessimiste sur l’avenir de l’Europe qu’il croit menacée d’une troisième guerre mondiale à brève échéance.

 

24 août : Morand écrit à Murube qu’il a écrit déjà la moitié de son roman et qu’il compte le terminer en novembre.

 

1950

 

fin mars : les Morand louent une maison à Séville où Paul retravaille sur Le Flagellant.

 

juillet : Morand séjourne à Tanger, où il a loué pour neuf ans, au 16 de la rue

Bakali, la villa Shakespeare, dont les multiples terrasses dominent le cap Spartel. L'hôtel de l'avenue Charles-Floquet est loué à l'ambassade de Colombie.

 

1951

 

mars : par Christian Melchior-Bonnet, Paul fait la connaissance de Roger Nimier et de Jacques Laurent.

 

mai : publication du roman Le Flagellant de Séville, chez Arthème Fayard.

 

20 mai : Morand participe à l’émission d’André Gillois, Qui êtes-vous ?

 

24 juillet : Morand assiste avec les Fabre-Luce aux funérailles du maréchal Pétain, à l'île d'Yeu.

 

3 septembre : les Morand participent, à Venise, au grand bal costumé donné par Charles de Beistégui, au palais Labia : " le feu d'artifice tiré par une Europe moribonde".

 

novembre: les Morand s'installent à Tanger pour leur premier hiver marocain.

 

1952

 

Séjour à Tanger jusqu’à fin avril.

 

Début de la correspondance entre Jacques Chardonne et Paul Morand : « Ce sont des lettres sans pareilles dans tout le passé; voilà de l'impromptu, un homme à vif, débridé, qui écrit à la diable avec des éclairs sur fond noir. » ( J.Chardonne : Ce que je voulais vous dire aujourd'hui, 1970 )

 

1953

 

Janvier- Pâques : séjour à Tanger. En mars, visite de Fez et de Marrakech.

 

24 juillet : sur requête de Paul Morand, le Conseil d'Etat, après audition du rapport de M. Georges Pompidou, maître des requêtes, annule le décret du 14 septembre 1944 le radiant des cadres du ministère des Affaires Etrangères. Il est rétabli dans son grade de ministre plénipotentiaire de 2è classe et admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite à compter du 10 avril 1950.

 

1954

 

janvier- février-mars : publication d'Hécate et ses chiens dans La Parisienne, revue dirigée par Jacques Laurent.

 

Publication chez Grasset du recueil de chroniques L'Eau sous les ponts.

 

1955

 

Paul s’offre une Aston-Martin.

 

mai : visite de l'Irlande. Morand fait paraître dans Les Œuvres libres une adaptation de la tragédie de Thomas Middleton, The Changeling, sous le titre La Fausse épouse.

 

6 juillet : Morand est admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite, à compter du 10 avril 1950, au titre de ministre plénipotentiaire de 2e classe.

 

Juillet : projet d’une adaptation théâtrale de La Cousine Bette pour Madeleine Renaud.

 

Octobre : séjour en Camargue chez Denys Colomb de Daunant avec Lucette Fabre-Luce.

 

Les Morand se réinstallent à Paris, dans la maison de l'avenue Charles-Floquet.

 

1956

 

Pour la radio, Morand traduit et adapte Catherine de Heilbronn de Kleist et Meurtre à la cantonade d'Enid Bagnold.

 

Mars : Morand publie dans La Table Ronde une traduction d’une pièce en un acte de Lord Dunsany, Les Joyeusetés d’Hahalaba.

 

Mai : Jacques Chardonne et sa femme viennent passer quatre jours chez les Morand, à Vevey.

 

17 juillet : les Morand donnent une réception à l’hôtel Crillon, place de la Concorde. Parmi les invités : les Thérive, les Jouhandeau, les Berl, les Nourissier, André Germain, Jacques Benoist-Méchin, André Fraigneau, Jacques Laurent, les Nimier, Louis Pauwels.

 

Septembre: les Morand reçoivent Roger Nimier et sa femme dans leur maison de Tanger qu’ils s’apprêtent à quitter, suite à la fin du protectorat français sur le Maroc.

 

1957

 

Morand adapte pour la radio Monsieur Fidèle, pièce en 3 actes de Lord Dunsany et trois contes du même auteur.

 

mars : publication de Fin de siècle chez Stock.

 

8 octobre : encouragé par Jacques de Lacretelle, Morand se porte candidat au fauteuil de Claude Farrère, à l'Académie française.

 

1958

 

Morand s’offre une Mercédès 300 SL

 

15 mars : attaque de François Mauriac contre Paul Morand dans Le Figaro littéraire, à l’occasion du retour en France d'Abel Bonnard, ancien ministre de Vichy :

            " Voici donc Bonnard qui revient d'Espagne {...} à une heure qu'il juge propice, celle où un autre écrivain du même bord avance d'une marche prudente vers la Coupole. Et tout s'y prépare, assure-t-on, pour un triomphe."

 

avril : un article du Monde, reprenant d'anciennes accusations de collaboration, alimente la polémique autour de la candidature de Morand.

 

24 avril : à l'initiative d’André Chamson, une pétition contre la candidature de Morand réunit les signatures de 11 Académiciens : André Chamson, Georges Duhamel, Maurice Garçon, Fernand Gregh, Robert d'Harcourt, Robert Kemp, François Mauriac, Wladimir d'Ormesson, Jules Romains, André Siegfried, Pasteur Vallery-Radot. Le Chancelier André François-Poncet, lui-même hostile à Morand, la lit en séance “ Nous soussignés avons l’honneur d’attirer l’attention de Monsieur le Secrétaire perpétuel sur la difficulté qu’il y aurait, pour notre compagnie, d’accepter la candidature de Monsieur Paul Morand. Il y aurait lieu de craindre, en effet, si son nom était retenu, que ne puisse être sauvegardée la fidélité à la tradition qui veut qu’une fois élu un candidat soit l’élu de tous.”

 

13 mai : réplique de Nimier dans Arts.

 

22 mai : élection blanche à l'Académie après deux tours de vote. Le Cardinal Grente a retiré sa voix à Morand, après avoir lu Hécate et ses chiens, que Robert d’Harcourt lui a mis sous les yeux en ayant souligné les passages les plus scabreux. De plus, le "putsch" d'Alger intervenu le 13 mai, a ravivé les passions politiques dans tout le pays.

 

Fin juillet : à Vevey, Morand se fait “ l’infirmier silencieux” de Roger Nimier, venu se remettre d’une crise cardiaque.

 

1959

 

Sur les instances d'Hélène, qui compte sur cette élection pour réconcilier Morand avec la vie parisienne, Paul a maintenu sa candidature à l'Académie.

 

23 avril : jour de l'élection. Le vote n'a finalement pas lieu, les trois candidats s'étant désistés. Morand a en effet appris que le Général de Gaulle, devenu Président de la République et, à ce titre protecteur de l'Académie, a fait savoir "qu'il ne donnerait pas son approbation à l'élection de M. Paul Morand, si l'Académie s'y décidait." Morand a préféré se retirer, suivi par ses deux concurrents, Jacques Bardoux et Pierre Lyautey.

 

12 mai : Pierre Benoit démissionne de l'Académie pour marquer sa sympathie à Morand.

 

1960

 

août : passage à Münich puis à Vienne où il assiste à une reprise à la Reitschule de la Hofburg

 

Pendant l’été, Morand compose une biographie de Fouquet que Nimier lui a commandée : " J'ai fini Fouquet en deux mois. Je n'avais pas écrit depuis 3 ans. Très facile d'écrire quand on ne parle pas de soi. " (Lettre à Kl. Haedens, in Lettres à quelques amis , o.c., p.131)

 

Automne : Long séjour à Vevey jusqu’au 11 novembre. Ils y reçoivent Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Wilhelm Kempf et son épouse.

 

Noël à Marbella, en Espagne.

 

1961

 

janvier-février : séjour à Marbella avec ses amies suisses , Hélène et Edith Courvoisier. Morand entreprend La Dame blanche des Habsbourg.

 

octobre : voyage en Italie : Milan, Parme, Florence.

 

1962

 

janvier : séjour à Malaga

 

Les Morand ne font plus que de brefs séjours à Paris : " Je ne viens plus à Paris que quelques jours espacés; j'ai de l'emphysème et les fumées, tabac et pots d'échappement me rendent la vie des autres difficile à vivre. À part ça, je vieillis agréablement; Jouhandeau a raison, la vieillesse c'est les grandes vacances." ( Lettre à Ch. Melchior-Bonnet, 14.05.62)

 

Juillet et août : séjour aux Hayes.

 

28 septembre : Roger Nimier se tue au volant de sa voiture sur l'autoroute de l'Ouest. Paul Morand, qui l'aimait, est très affecté : " Nimier, c'était le printemps que je regardais pour la dernière fois ." ( Lettre à Madame Fabre-Luce, 20/10/62). Il assiste à ses funérailles à Garches.

 

octobre : les Morand reçoivent la visite de Jean Cocteau à Vevey.

 

1963

 

début janvier : publication de La Dame blanche des Habsbourg , ouvrage historique que Gaston Bonheur avait commandé à Morand pour sa collection historique chez Laffont.

 

fin mars : séjour à Madère.

 

Été : Morand visite la région de Hanovre pour écrire une pièce radiophonique consacrée à Sophie de Celle.

 

11 octobre : mort de Jean Cocteau. Paul, qui séjourne alors à Vevey, décide de ne pas se rendre aux funérailles de son vieil ami pour ne pas avoir à entendre des gens que Cocteau vomissait “ crachant des éloges sur sa tombe”.

 

1964

 

janvier et mars : Morand écrit deux textes radiophoniques sur les Habsbourg : Stendhal chez Marie-Louise et Eugénie et Charlotte .

 

4 mars : Morand participe à l'émission télévisée Lectures pour tous.

 

mai : voyage à Barcelone et à Madrid. Morand se met à l’écriture de Tais-toi.

 

juin : voyage dans le Pays de Galles.

 

Fin août : voyage et parties de pêche aux îles Berlingues, au large de Lisbonne.

 

1965

 

13 mars : mort de Robert Hermanjat, qui avait été employé chez les Morand pendant plus de trente ans.

 

1967

 

Les Morand assistent à la Semaine sainte, à Séville.

 

20-30 septembre : séjour à Venise avec Hélène, à l’occasion de l’hommage rendu par la ville au comte Volpi : “Venise, il y a deux ans, chez Lili Volpi, ce dernier dîner, où j’ai tant admiré Hélène, dans sa robe de satin blanc,[ …] Le salon de musique, où je sentais que quelque chose allait finir ; ce quelque chose c’était la santé d’Hélène, sa vie normale. (Elle entrait en clinique 15 jours plus tard.) Journal inutile, 14/07/1969.

 

26 octobre : Morand et Chardonne entérinent le legs global de leur correspondance à la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne avec mission de la garder au secret jusqu’en 2000.

 

Morand succède à Marcel Aymé comme président du jury du Prix Nimier.

 

1968

 

mars : Morand participe au "Sciences-Po Day "

 

30 mai : mort de Jacques Chardonne. La correspondance presque quotidienne avec Chardonne sera remplacée par le “Journal inutile”.

 

2 juillet : Morand se porte candidat au fauteuil de Maurice Garçon, à l'Académie française.

 

Septembre : une déchirure des muscles ventraux le tient immobilisé pendant six semaines, l’empêchant de faire ses visites académiques.

 

20 octobre : Morand est élu à l'Académie par 21 voix sur 28 votants.

 

1969

 

20 mars : Morand est officiellement reçu à l'Académie française par Jacques Chastenet.

 

25 avril : il enregistre à la radio la présentation du Voyageur et l’amour avec Robert Saint-Jean, puis au jury du Prix Nimier.

 

1970

 

février : séjour d’un mois à Cannes. Réception chez Florence Gould.

 

fin mars- début avril : voyage à Venise, puis à Athènes.

 

9 juin : Morand s’envole pour le Canada, d’où il gagne les Etats-Unis. C’est son septième et dernier voyage en Amérique. Le retour se fera à bord du France.

 

Morand passe à l'émission de Jacques Chancel, Radioscopie.

 

début octobre : séjour à Venise.

 

novembre : nouveau projet d’un film tiré de L’Homme pressé. Jean Yanne est pressenti pour le rôle principal.

 

1971

 

À la demande de Jean José Marchand, Morand donne trois heures d’entretiens à la T.V., pour la série Archives du XXe siècle, réalisée par Pierre Boutang. Le tournage a lieu à Bourdonné.

 

début mars : publication de Venises.

 

Septembre : voyage à Salzbourg, Vienne, Venise et Milan.

 

16 décembre : Morand prononce à l'Académie le 150e compliment panégyrique en l'honneur de Monsieur de Montyon, fondateur d'un prix de vertu.

 

1972

 

10-15 avril : voyage en Iran; après avoir visité Téhéran, Morand gagne Ispahan et Chiraz, puis rejoint Florence Gould à Persépolis pour assister à la réception donnée par le Shah.

 

28 avril : Hélène est opérée à l’Hôpital américain. On lui pose un pacemaker.

 

juin : Hélène, malgré une seconde opération de la cataracte, perd peu à peu la vue.

 

1973

 

27 février : Hélène est très affectée par la mort de son unique petit-fils, Jean-Albert de Broglie.

 

1975

 

30 janvier : Paul Morand est fait citoyen d'honneur de Vevey.

 

28 février : mort d'Hélène. Obsèques à la cathédrale orthodoxe grecque de la rue Georges-Bizet.

 

19 mai : arrivée à Trieste pour assister, le 23, au transfert des cendres d’Hélène dans le caveau familial au cimetière orthodoxe grec. Il reste à Trieste quelques jours, puis se rend au bord du lac de Côme.

 

juillet : voyage en Ecosse en compagnie de Dominique et Fabienne Sandoz, un couple de jeunes amis suisses.

 

1976

 

27 janvier : tournage de la postface de l'émission des Archives du XXe siècle consacrée à Morand.

 

7 mars : projection de la nouvelle émission consacrée à Morand dans la série Archives du XXe siècle : « J’ai été très mauvais. Torturé, comme presque toujours à la télévision » Journal inutile, t.2, p.715.

 

du 16 au 21 avril, voyage de Vevey à Santa Margherita di Ligure sur la côte italienne en compagnie de ses amis, Dominique et Fabienne Sandoz.

 

18 juillet : pris d'un malaise cardiaque au cours de sa séance quotidienne de gymnastique, dans la salle de l’Automobile Club, Morand est hospitalisé à l'hôpital américain de Neuilly.

 

21 juillet : projection du téléfilm Milady, réalisé par François Leterrier à partir de la nouvelle de Morand.

 

23 juillet : Morand meurt à 1h30 du matin.

 

27 juillet : cérémonie religieuse à l'église orthodoxe grecque, rue Georges-Bizet.

 

3 août : les cendres de Morand sont mêlées à celles d'Hélène dans le caveau familial des Economo-Helmreichen, au cimetière grec orthodoxe de Trieste.

 

1977

 

Sortie du film L’Homme pressé, réalisé par Édouard Molinaro, avec Delon.

 

Publication chez René Creux, à Paudex, du dernier ouvrage auquel Morand s'était consacré, Monsieur Dumoulin à l'Isle de Grenade, biographie d'un voyageur vaudois du XVIIIe siècle.

 

1992

 

Premier colloque universitaire consacré à “Paul Morand écrivain”, au château de Castries, proche de Montpellier.

 

2001

 

Conformément au vœu de Paul Morand, son Journal inutile, 1968-1976 est publié aux éditions Gallimard.

 



[1] in Mes débuts (1933), éd. Arléa, 1994